08 Juil Entrepreneuriat et covid long : qu’est-ce qui change ?
Le Covid Long m’aura accompagné près de neuf mois. Ce n’est qu’un mois après la rédaction de cet article que j’ai pu dire que je me sentais véritablement mieux et surtout : mon odorat est revenu. Si des lecteurs vivent la même expérience, je vous suggère patience et repos. Chouchoutez-vous, écoutez-vous, vous n’êtes pas seul.
RASSUREZ-VOUS, JE NE VAIS PAS VOUS PARLER DE CRISE ÉCONOMIQUE, NI MÊME DE CHIFFRES D’AILLEURS, PAS PLUS QUE JE NE VAIS VOUS PARLER D’ÉPIDÉMIE ET DE VACCINATION !
Je voudrais vous raconter comment avoir eu le covid et des symptômes persistants pendant huit mois a chamboulé mon quotidien d’auto-entrepreneure…
Le MOMENT CRITIQUE
C’était en octobre dernier que j’ai attrapé le virus, lors d’une interview pour le travail, malgré le respect du port du masque et alors que je sortais peu et rencontrais peu de monde (travail à la maison et couvre-feu obligent). Je l’ai transmis à mon compagnon, qui s’apprêtait à commencer un nouveau boulot et nous avons tous deux traversé trois semaines difficiles, en particulier du fait de difficultés respiratoires. Une fois ce cap passé, nous étions certes affaiblis, fatigués et plus craintifs aussi, mais nous nous pensions sortis d’affaire. C’est aux alentours de Noël que la résurgence des symptômes a commencé : palpitations, douleurs pulmonaires et thoraciques, courbatures, céphalées, toux, vertiges, troubles du sommeil, fatigue et diminution de l’attention ont fait partie de notre quotidien depuis. Nous avons été tous les deux concernés, à quelques différences près. En bonus pour ma pomme, j’ai aussi perdu l’odorat (toujours d’actualité).
LeS CHALLENGES DU COVID LONG
- Travailler moins d’heures car besoin de dormir plus
- « Non, je préfère ne pas vous rencontrer même si « c’est enfin possible » mais plutôt faire par téléphone »
- Bousculer son agenda non-stop parce que la fatigue empêche d’avancer à son rythme usuel
- Prendre en considération bien plus qu’à l’accoutumée les problématiques de temps d’écran et d’assise
- Complexer de voir que d’autres entrepreneurs se sont développés rapidement durant la pandémie grâce au digital
- Devoir prévoir plus de temps de trajet pour les rdv professionnels du fait de la fatigue lors des déplacements
- Craindre de passer à côté d’une conséquence grave/durable et sur ma santé avoir peur de souffrir de ces symptômes pour toujours (si, si)
- Être maussade
- Quand tout allait bien, l’énergie, l’humeur, la productivité suivaient ; dès que ça allait mal, le tout s’effondrait. Le manque d’amélioration constante était très difficile psychologiquement (l’effet « retour à la case départ ») et mettait en péril ma confiance en moi et en l’avenir, ma foi en mon projet et mon optimisme.
Comment cela a changé ma vie sociale : Covid 1 – Social 0
Inutile de dire que la vie sociale en a pris un sacré coup et pas seulement du fait des confinements successifs mais parce que je me suis sentie dans un autre monde que celui où se trouvaient mes amis, peu impactés par le covid. Les symptômes s’accompagnant naturellement d’un sentiment de vulnérabilité et d’incompréhension, je n’avais pas la tête à “faire comme si de rien” ou à entendre que “le covid long, c’est dans la tête” (spoil alert : le corps médical confirme que ça ne l’est pas !) et encore moins à faire la fête ou des projets. Pourtant, c’est en temps normal une part considérable de ce qui nourrit au quotidien mon inspiration et ma motivation, donc mon business, donc l’écriture de mes livres.
Comment cela a changé mon état d’esprit : Covid 1 – Mood 1
Se lever chaque matin sans savoir de quelles douleurs la journée sera faite et se demander si ce sera un bon jour ou 24 heures avec la batterie à plat était le lot de ceux d’entre nous atteints de Covid persistant. Cela m’a vraiment fait prendre conscience du long processus de rétablissement : il est inégal. Je vois déjà vos pancartes “résilience” s’élever dans les airs mais croyez-moi, la mienne était déjà bien éprouvée en d’autres endroits. Ne plus pouvoir sentir l’odeur de mon café matinal, l’un des petits plaisirs de la vie, m’embêtait. Devoir lâcher l’ordinateur pour s’allonger dans le canapé m’ennuyait. Se sentir trahie par un corps dont on prend pourtant soin (et je ne parle pas de crèmes hydratantes ou de régime) me déroutait.
Comment cela a changé mes habitudes de vie : Covid 0 – RYTHME DE VIE 1
De fait, j’ai décidé (je n’ai pas vraiment eu le choix) de prendre les choses comme elles venaient (“to go with the flow”). D’abord, en instituant une routine de prise de vitamines adaptées à mon métabolisme pour le booster, ensuite en m’obligeant à une routine de soins du corps ou du visage deux fois par semaines (big up au chéri qui m’a offert une box beauté mensuelle pour toute l’année, youpi) afin de rétablir le lien entre mon mental vexé et mon corps traumatisé. Et puis, il y a eu le sport. Je ne pouvais plus faire 5h par semaine de cardio et muscu comme en 2020 : 35 minutes le lundi suffisaient à me mettre en peine. Non seulement j’ai accepté l’inactivité comme quelque chose de nécessaire mais je l’ai remplacé par de la marche, du ping-pong en amoureux et surtout, je me suis forcée à faire 15 minutes de stretching après toute séance de sport, même peu intense, pour focaliser sur la respiration. J’ai réduit tous les ingrédients forts en histamine (vin, fromage, chocolat, les meilleurs quoi) qui me donnaient des crises inflammatoires. Le dernier step a été de réduire considérablement mon habitude favorite : dresser des to do lists et de remplacer certaines heures de travail par des jeux de société. Enfin, quand j’avais mal juste en respirant, j’essayais de me répéter que je n’avais qu’un problème et que ça aurait pu être plus grave.
Comment mon quotidien d’entrepreneure a changé ?
Puisque l’entrepreneuriat est à mon sens la somme de ces trois éléments associés au contenu même de mon activité, il va sans dire que poursuivre mon activité a été compliqué. Entendons-nous bien, continuer à travailler a été possible à un rythme ralenti car l’investissement à 100% était impossible, principalement parce que je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche physiquement parlant. Aussi parce qu’il fallait passer pas mal d’heures au téléphone afin de consulter un cardiologue, un pneumologue, un ostéopathe et compagnie pour mon conjoint et moi-même. Mais j’ai accueilli ce qui manquait à ma vie-d’avant-covid : du temps mort. Du temps où je ne fais rien, du temps où je ne travaille PAS.
le bout du tunnel : comment j’ai décidé d’agir ?
Maintenant qu’il me semble en sortir (le 8ème mois s’est relativement bien passé, sans crise, les examens ne révèlent rien de grave et les bizarreries inexplicables n’inquiètent pas les médecins), je vois que les conséquences positives du covid long : j’apporte encore plus d’importance à être en contact régulier avec ma famille, j’exprime sans compter les frustrations, peurs et impatiences qui surgissent, je sais que je peux résister à plus d’inconfort physique que ce que je pensais, j’ai revu mes priorités. Quant au business ? J’ai procédé ainsi :
1°) En parallèle, il se trouve que j’avais repris ma fonction d’enseignante de français de novembre à avril pour me sortir la tête de l’eau : GAGNÉ ! M’éloigner du rythme 100% entrepreneur m’a donné envie d’y retourner à fond (puis j’avais des collègues, c’était cool !).
2°) Malgré le neuf, la motivation n’était plus la même, j’ai donc divisé mon temps et mon énergie en m’investissant davantage dans ce qui me passionne, l’écriture personnelle : GAGNÉ ! Mon premier livre vient tout juste de sortir !
3°) Constatant combien le problème du traitement du covid long était en queue de liste des priorités, j’ai fait de nombreuses recherches afin de publier un article de presse sur le sujet (un deuxième paraîtra en 2022) pour informer les autres. Cela m’a engagée à faire beaucoup de recherches en lisant des études internationales publiées quotidiennement : GAGNÉ ! J’ai ainsi pu dépasser ma peur face à quelque chose que l’on ne connaît pas, me sentir moins seule et garder espoir grâce à des témoignages de remise en forme au terme d’un an.
Je sais que nous sommes nombreux dans ce cas en France et j’espère que cet article allégera ce que vous pourriez ressentir, un mot que j’ai soigneusement évité jusque-là : la culpabilité. Au profit du self-care (prendre soin de soi).
LIENS UTILES :
- Lire mon article sur le covid long (paru en février 2021)
- Lire mon article sur la santé numérique (paru en mars 2019)
Si vous souhaitez me faire part de votre expérience, vous pouvez me contacter.
Une proposition de loi, déposée le 21 janvier 2021 pourrait reconnaître les long Covids en maladie chronique et ouvrir la voie à une prise en charge en Affection Longue Durée (ALD) ainsi qu’en maladie professionnelle pour les personnes qui ont été contaminées sur leur lieu de travail.
Enfin, des groupes de parole existent sur Facebook ; je vous alerte toutefois sur le fait qu’ils peuvent autant rassurer qu’entretenir l’angoisse déjà générée par la situation.